Opeth - Ghost Reveries (septembre 2005)
site officiel : www.opeth.com
1- Ghost Of Perdition
2- The Baying Of The Hounds
3- Beneath The Mire
4- Atonement
5- Reverie / Harlequin Forest
6- Hours Of Wealth
7- The Grand Conjuration
8- Isolation Years
 
Ca bouge chez Opeth, et ce, pour notre plus grand plaisir !
Après la faillite de la maison de disques « Music For Nations », Opeth signe son retour sur « Roadrunner », rouleau compresseur du métal moderne, qui devrait lui permettre une meilleure diffusion et, qui sait, de passer du statut de groupe « culte » à celui de groupe « vendeur ».

Changement de producteur également… Le « gourou » Steven Wilson (Porcupine Tree…) étant indisponible , ce sont Jens Borgen et le chanteur-guitariste-compositeur du groupe, Mikael Äkerfeldt, qui s'y sont collés, avec, ma foi, une réussite assez surprenante, tant le son est de qualité et les diverses ambiances bien rendues. A croire que l'enseignement de Steven Wilson porte aujourd'hui ses fruits.
Embaûche, ensuite, avec le recrutement " à temps plein " du claviériste Per Wiberg (Spiritual Beggars), qui accompagnait déjà le groupe en tournée. Changement d'organisation, enfin, après l'enregistrement simultané et éreintant des deux albums « Deliverance » (heavy) et « Damnation » (acoustique et mélodique) en 2002, puisque Opeth revient à la formule traditionnelle de l'opus unique et mêlant ces deux facettes de sa personnalité.

Autant le dire tout de suite, Opeth semble avoir franchi un nouveau cap dans la maturité, tant ce « Ghost Reveries » s'avère riche et bien construit, à la fois mélodique et implacable. L'alternance habituelle des parties métal et des moments acoustiques, de la voix death et de la voix claire, n'a jamais été aussi coulée et pertinente. Là où Opeth enchaînait parfois les longs thèmes successifs et contrastés de façon un peu artificielle, il parvient maintenant à jongler beaucoup plus vite avec les ambiances et à intégrer réellement chaque partie au sein d'une chanson cohérente (« Ghost Of Perdition », « The Baying Of The Hounds »).

On connaissait la capacité du groupe à composer du death progressif et alambiqué ; même si ses morceaux ne se dévoilent qu'après plusieurs écoutes attentives, il parvient aujourd'hui à y insérer les mélodies imparables qui rendent certains morceaux inoubliables, que ce soit à la voix (le chant introductif et récurrent de « Reverie / Harlequin Forest ») ou aux instruments (le thème principal et orientalisant de « Atonement », le riff simple et entêtant de « The Grand Conjuration »). Au milieu des déluges de guitares et de chants gutturaux (étonnamment intelligibles, soit dit en passant !), des parties « mathématiques » dont les rythmiques à contre-temps ressemblent à un long code morse (« Ghost Of Perdition », « Reverie / Harlequin Forest », encore), Opeth parvient à insérer des ambiances remarquablement variées, en passant par des sons de clavier chaleureusement vintage ou même des percussions tout droit sorties du Maghreb (« Atonement »).

Certainement décomplexés par l'expérience « Damnation », nos suédois n'hésitent pas, d'ailleurs, à consacrer plusieurs morceaux entiers aux atmosphères acoustiques, aériennes, voire psychédéliques (la voix trafiquée à la « Planet Caravan » du Sab' sur « Atonement », « Hours Of Wealth » et « Isolation Years »). Nous tirons donc un grand coup de chapeau à ces musiciens qui allient le meilleur des deux mondes : si Evergrey n'y parvient pas (voir notre billet d'humeur « Le scandale Evergrey »), Opeth sera peut-être le groupe qui réconciliera les amateurs de prog et les amateurs de métal extrême !

Et pour terminer, nous lançons un clin d'œil au batteur Martin Lopez, absent du groupe pour la tournée de lancement de cet album (il souffrirait d'une maladie du sang) , et qui nous a enchantés une nouvelle fois de ses rythmes épileptiques ( « Reverie / Harlequin Forest », « The Grand Conjuration »), de ses percussions si originales dans le métal, et de la subtilité de son jeu de cymbales.
 
par Mitch
septembre 2005
© Copyrights Musicaljam