System Of A Down - Hypnotize (novembre 2005)
site officiel : www.systemofadown.com
1- Attack
2- Dreaming
3- Kill Rock 'N Roll
4- Hypnotize
5- Stealing Society
6- Tentative
7- U-Fig
8- Holy Mountains
9- Vicinity of Obscenity
10- She's Like Heroin
11- Lonely Day
12- Soldier Side
 
Il est étonnant que cet "Hypnotize" sorte presque au même moment que le "Rosenrot" de Rammstein - lire la chronique. Les deux albums partagent, en effet, de surprenantes similitudes. Ils succèdent à un succès planétaire des sessions duquel ils ont été - tout ou partie - tirés : "Reise Reise" pour Rammstein, "Mezmerize" pour SOAD. Ils nous interrogent sur la capacité de leurs géniteurs à "rebondir" artistiquement. Enfin, ils louvoient entre deux tendances contradictoires : recycler avec facilité les bonnes vieilles recettes du succès, et laisser s'exprimer l'humanité et l'émotion de leurs créateurs.

A ceci près que System Of A Down ne se trouve pas dans l'impasse relationnelle de Rammstein, que ce volume 2 était planifié dès le départ, et que ses morceaux les plus faibles ont été placés en début d'album... C'est qu'il faut un sacré courage pour s'enfiler la triplette "Attack - Dreaming - Kill Rock 'n' Roll" sans grimacer à l'écoute des vocaux crispants de Daron Malakian, de la sempiternelle alternance calme / tempête, des séquences mélodiques pompées dans "Mezmerize" !
Mais cela vaut d'autant plus la peine que la suite est relativement intéressante, voire, par moments, carrément innovante.

Les quatre américano-arméniens prennent, en effet, le parti de laisser de côté les décharges de bile parfois stériles, pour se livrer avec beaucoup de profondeur, d'humanité et de sens artistique.
Le guitariste Daron Malkian change de peau, vocalement parlant, sur des titres tels que "Lonely Day" ou "Hypnotize", sur lesquels il épaule Serj Tankian avec force sobriété et émotion. De même, à la guitare, sur les parties les plus mélodiques de "Tentative", ou encore "Lonely Day". Les voix sont, d'ailleurs, un des éléments les plus surprenants de cet opus, que ce soit sur un intermède carrément punk en fin de "Stealing Society", sur les audaces de diction croustillantes de "U-Fig", ou, surtout, sur l'exercie de style des récurrences sur le mode "Banana terracotta pie !" dans un "Vicinity Of Obscenity" digne des plus grandes heures de loufoquerie du premier album éponyme du quartet ! Ce dernier morceau synthétise toutes les qualités qui ont fait le succès de SOAD : la polyvalence, l'alternance de parties très différentes, un chanteur au débit unique, et des surprises à tous les coins de rue. Mention spéciale aux roulements de baguettes introductifs et aux breaks soul-funk sortis de nulle part !

Mis à part sur "She's Like Heroin", assez novateur, et les morceau cités plus haut, on demeure sur un terrain plutôt connu, balisé, par exemple, par un "Holy Mountains" partageant le même feeling que le grand "Aerials" (sur l'album Toxicity), ou encore le final "Soldier Side", qui vient boucler la boucle de la saga "Mezmerize - Hypnotize" en répondant au "Soldier Side - Intro" fondateur.

Au final, que penser de cette suite et fin ?
"Hypnotize" se montre moins accrocheur et immédiat que "Mezmerize", aux fulgurances nombreuses, dans la mélodie comme dans la brutalité. En contrepartie, il exprime plus de sobriété, plus de profondeur, sur des morceaux un tantinet plus introspectifs.
D'aucuns avanceront certainement que les meilleurs titres de ces deux galettes auraient suffi à remplir un album unique, qui aurait alors frisé la perfection (le syndrome "Use Your Illusion" I et II pour Guns n' Roses, ou "Load" et "Reload" pour Metallica !). Pourtant, ces deux chapitres de SOAD possèdent une humeur sufisamment différente l'un de l'autre pour justifier leur séparation.
De plus, la musique de System est assez "barrée" pour ne pas se consommer par sessions de 70 minutes d'un coup ! Bravo, donc, de façon générale, pour ces deux ovnis bienvenus.

Par contre, on attend la suite... Que pourront-ils faire la prochaine fois pour se renouveler encore ?

** P.S : Après quelques écoutes supplémentaires, je tiens à nuancer légèrement la sévérité de ma remarque sur les trois premiers morceaux, qui rentrent quand même bien dans la tête malgré tout !
Ah, oui ! J'oubliais aussi ! L'édition limitée du CD propose en bonus un petit DVD, contenant les clips - de qualité - de "B.Y.O.B" et "Question", ainsi qu'un "documentaire" d'une vingtaine de minutes sur le making of des deux albums. Ce dernier est très dispensable, ses images sont tellement trafiquées qu'elles en deviennent difficiles à regarder, et son contenu tellement décousu et creux qu'il tient plus de la bande annonce faussement artistique que du réel reportage !

Voila, cette fois, je crois que c'est tout, à vous les studios... ;-
 
par Mitch
novembre 2005
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