Nous autres, les anciens combattants du métal, pouvons nous vanter d'avoir suivi certains groupes tout au long de leur carrière !
Quel plaisir de découvrir un groupe à ses débuts, puis de suivre son évolution artistique, son émergence ou sa stagnation, au fil des albums et des tournées !
Il arrive que l'on ait « le nez creux » en devinant à l'avance qui sera le leader de demain ; par contre, il n'est pas rare d'être surpris, dans un sens ou dans l'autre, par des formations qui prennent le total contre-pied de toutes les prévisions…
The Provenance est à classer dans cette catégorie, sans aucun doute ! Après un premier album passé inaperçu, ce groupe suédois a publié en 2002 un opus qui n'a pas rencontré le succès qu'il aurait mérité : « Still At Arms Length » fut un concentré excessivement intéressant, riche et varié de métal extrême, d'atmosphérique et d'influences progressives.
Opeth et
The Gathering n'étaient pas bien loin à l'époque…
En 2005, beaucoup de choses ont changé pour The Provenance. Ainsi, le groupe n'a pas hésité à abandonner l'efficacité de la formule précédente pour se lancer dans une musique avant-gardiste, novatrice, dérangeante et originale. Il ne rebrousse jamais chemin devant les routes les plus risquées, utilisant sans limites les effets distordus, le mellotron psychédélique, et même des sons volontairement étranges et presque dissonants (« Heroine »).
La dualité voix féminine / voix death a fait son temps. Si la voix de la claviériste Emma Hellström continuera d'enchanter les fans d'Anneke Van Giersbergen (The Gathering), celle de son comparse guitariste Tobias Martinsson abandonne les sonorités death pour se glisser dans une robe plaintive et émotionnelle.
Si les influences de The Gathering, époque « Nighttime Birds » sont toujours présentes (« WOH II TSC »), celles d'Opeth sont maintenant enfouies assez profond, sous des couches de musique hypnotique qui nous emmène des confins du doom au métal atmosphérique, en passant pas la case progressive, pas tant dans l'aspect technique que dans l'esprit de liberté, de recherche artistique et de « progression ».
Au final, « How Would You Like To Be Spat At », à l'instar de ses titres de chansons pour le moins énigmatiques, s'avère un album difficile à appréhender. S'il risque de s'avérer hermétique aux plus traditionnalistes, il ne manquera pas d'intriguer et de transporter ceux qui prendront le temps de le comprendre et de rentrer dans sa logique déstructurée.
Les albums réellement novateurs sont vraiment trop rares pour qu'on ne leur donne pas leur chance…