Opeth - Transbordeur Lyon - (11/12/2005)
site officiel : www.opeth.com
 
 
 
 
 
 
 
Cliquez sur une image pour accéder à la galerie photo du concert
 
Comment se mettre en forme pour une bonne semaine de boulot ? En allant voir un concert d'Opeth un dimanche soir par -1°, tiens ! :o)

Ces deux paramètres n'ont, pourtant, pas refroidi le millier de personnes qui accueillent ce soir le groupe suédois, lui octroyant l'honneur de la grande salle du « Transbordeur » (les gradins seront juste limités par un rideau), après deux visites au plus petit « Transclub ». A configuration de salle identique, la foule s'avère même bien plus dense que lors du passage d'Angra quelques mois plus tôt - lire la chronique ici - devant un parterre alors plutôt « vexant » pour un groupe de cette envergure…

Ce n'est pourtant pas la première partie du jour qui a contribué à déplacer les spectateurs, la réputation des jeunes Suédois de Burst demeurant plutôt limitée en nos contrées. Il faut dire que leur musique, cousine de celle d'Opeth, est pénalisée par des constructions hétéroclites, desquelles aucune mélodie ne vous reste en tête, ainsi que par un chant hurlé plutôt linéaire. Dommage, car le niveau musical est bon, les riffs percutants, et les tentatives d'ouverture avec les chœurs en voix claire du guitariste rythmique plutôt encourageantes.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Opeth ne souffre pas de ces lacunes, tant il est doué pour souffler le chaud et le froid, alterner les voix death et mélodiques, les séquences métalliques et acoustiques, le tout au sein de morceaux évoluant avec une grande cohérence. Ces qualités demeurent aussi flagrantes sur scène que sur disque, conformément aux excellentes dispositions aperçues sur le DVD « Lamentations » - lire la chronique ici. Pourtant, alors que nous attendions un grand concert, nous n'avons eu droit ce soir qu'à un très bon concert. Par cette distinction, j'entends que, malgré la qualité évidente du spectacle proposé, il a manqué ce « petit quelque chose » qui rend un concert inoubliable, qui vous retourne la tête pour vous emmener ailleurs deux heures durant.

Mais qu'a-t-il donc manqué pour que le moment soit réellement mémorable ?
Certainement un peu de rythme dans l'enchaînement des morceaux, tout d'abord. Le temps que Mikael Akerfeldt boive un coup, accorde sa guitare, discute avec ses musiciens, balance une ou deux vannes, la pression retombait immanquablement entre les titres épiques des Suédois. De plus, Akerfeldt, s'il est plus à l'aise et bien plus taquin avec le public qu'auparavant, s'exprime avec une réserve et une discrétion naturelles qui nous changent des chanteurs qui haranguent leur public et distribuent une vraie énergie. En gros, entre deux morceaux, le silence est religieux !
Par un manque de soutien scénique de ses acolytes, ensuite. Peter Lindgren et Martin Mendez s'acquittent de leurs parties les plus techniques sans coup férir, mais demeurent trop statiques et trop en retrait pour espérer « décharger » leur leader du poids de toute l'occupation de la scène. Le petit bassiste latino passe, d'ailleurs, le plus clair de son temps dans l'ombre des spotlights, voire dos tourné au public, face à la batterie !
Par une trop faible part de « folie », enfin. Ayant encore en tête les épatants concerts de Freak Kitchen et Robert Plant, on ne peut que regretter la spontanéité des jams et les moments où le groupe fait chanter la foule (c'est cliché mais toujours jubilatoire !) : à part essayer de nous faire aboyer ( !), Akerfeldt nous a peu mis à contribution ! L'absence de Martin Lopez ne semble, elle, pas avoir pesé dans la balance, le blond batteur de « Bloodbath » tenant la baraque sans problème, même s'il ne possède pas le même feeling que le titulaire du poste. RAS non plus pour le nouveau titulaire Per Wiberg, techniquement lié à sa place derrière son clavier !

Tout cela est d'autant plus dommage que, je le répète, la qualité musicale était au rendez-vous, ce soir. De plus, Opeth a dû satisfaire ses fans de la première heure, car il a pris le risque de remonter loin dans le temps, exhumant, par exemple, « Under The Weeping Moon » (sur le premier album « Orchid », 1994), ou encore « When » (sur « My Arms Your Hearse », 1997). Le dernier et excellent opus du groupe, « Ghost Reveries » - lire la chronique ici - a été visité par trois fois : « Ghost Of Perdition » a ouvert les hostilités en démarrant le set, « The Grand Conjuration » a enfoncé le clou avec ses contrastes brutalité - mélodie, et « The Baying Of The Hounds » a terminé le travail avec son riff entêtant et sa batterie épileptique. « Blackwater Park » et l'acoustique « Damnation » étant délaissés, c'est à l'album « Deliverance » qu'est revenu l'honneur de distiller son lot de « tubes », avec « A Fair Judgement » et sa conclusion ralentie et « doomisée » à l'extrême, et surtout avec un « Deliverance » (en rappel) qui a, en ce qui me concerne, constitué mon seul vrai moment d'osmose avec le groupe. A part ça… c'est à peu près tout ! Les titres d'Opeth durant volontiers 10/15 minutes, il n'y a pas de place pour énormément de morceaux dans un concert de deux heures !

C'est donc avec un avis nuancé que nous prendrons congé des cinq suédois : heureux du nombre de fans présents, heureux de l'humour de Mikael Akerfeldt (bon, ce n'est pas encore Mattias IA Ekhlund non plus !), heureux d'apprécier deux heures de musique ambitieuse et progressive ; mais néanmoins désolés de n'avoir pu vibrer plus, d'être toujours restés, à l'instar de l'impression donnée par les musiciens, un peu extérieurs au show !
 
par Mitch
le 13 décembre 2005
© Copyrights Musicaljam