Patrick Rondat - Transbordeur Lyon - (14/11/2004)
site officiel : www.rondat.com
 
 
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Après le vent polaire et le froid sibérien de cette journée lyonnaise, il ne nous fallait pas moins que la chaleur humaine d'un « Transclub » complet (l'antichambre du gros « Transbordeur ») pour retrouver goût à la vie, et ce au son de l'excellent « In Absentia » de Porcupine Tree !

Nous allons, pourtant, vite déchanter, avec l'arrivée sur scène de Yann Armellino, tout seul à la guitare, sans aucun musicien pour l'accompagner. Cette configuration « casse gueule » est loin d'être la meilleure pour mettre en valeur la musique d'un artiste, Yann Armellino étant réduit à jouer par dessus une bande enregistrée. De plus, sa prestation s'est avérée bien trop stéréotypée, avec des successions de solos et de variations à n'en plus finir sur des rythmiques blues-rock et boogie-rock très faibles : on aurait presque pu croire, toutes proportions gardées, au solo de « Gimme All Your Lovin » de ZZ Top étiré sur une demi heure… Armellino abuse, en outre, de l'utilisation des harmoniques artificielles et de la pédale wah-wah, sans pour autant compenser cette linéarité musicale par une attitude scénique quelconque. Il nous est toujours douloureux d'effectuer des remarques désagréables sur un musicien techniquement confirmé, mais nous nous permettons de nous montrer inquiets pour les futures ventes de « Cross-Rocks », quatrième album de ce guitariste français.

C'est ensuite au tour de Patrick Rondat de prendre possession de la scène, accompagné de Dirk Bruinenberg (Consortium Project, Elegy…) à la batterie, du propre sur lui Manu Martin aux claviers, et du fidèle Patrice Guers à la basse, pour une fois débarrassé des chemises à jabot et des glaives chers à son autre groupe, Rhapsody !

La barre est immédiatement relevée de plusieurs crans par cette formation qui, elle, s'appuie sur de vrais morceaux réellement écrits. L'humilité et la technicité de Patrick Rondat sont de notoriété publique depuis une quinzaine d'années, il a une nouvelle fois enchanté les guitaristes présents par ses écarts de doigts inhumains et sa façon particulère d'attaquer chaque note en aller-retour. L'ambiance est allée crescendo tout au long d'un show entamé avec plusieurs morceaux du nouvel album « An Ephemeral World », poursuivi par un solo de slap-basse jouissif et captivant de Patrice Guers, avant les grands moments incarnés par le medley « Amphibia » et le rappel « Vivaldi Tribute ». La réaction du public a été très chaleureuse et a visiblement touché les musiciens, qui ont affiché un grand plaisir à se produire ensemble.

Arriva enfin le moment tant attendu de retrouver LE groupe de scène par excellence, j'ai nommé les Suédois de Freak Kitchen ! Que dire sur ce groupe que nous n'ayons pas déjà dit dans nos précédentes chroniques ?
Freak Kitchen, c'est avant tout de la fantaisie et des surprises. Freak Kitchen, c'est le bassiste Christer Ortefors, véritable bête de scène, affublé d'un gros casque noir surmonté de lunettes-masque, d'une sorte de brassière commando et de genouillères dignes du GIGN ! Cet énergumène n'a pas son pareil pour haranguer la foule, provoquer son leader et cracher de l'eau sur le public ! Freak Kitchen, c'est Björn Fryklund, batteur surpuissant dont la batterie est littéralement secouée à chacune de ses lourdes frappes. Fait nouveau, Björn s'est permis un petit délire en jouant un mini solo sur une énorme tête de vache (le logo du groupe) fabriquée dans le même métal que celui des cymbales. Freak Kitchen, c'est enfin le guitariste-chanteur virtuose et allumé Mattias IA Eklundh, capable de sortir les sons les plus improbables de sa guitare en solo et de délivrer des rythmiques ultra lourdes, avec un énorme son que lui envieraient bien des groupes de « gros » métal.

Point positif, il veille à renouveler son stock de vannes et à ne pas recycler inutilement ses facéties passées (plus de vibromasseur ni de téléphone portable). Au rayon des nouveautés, une « Freaky Box » faisant passer quelques sons étranges dans sa guitare, un solo de percussions buccales, toujours au travers de sa guitare ( !), une guitare-percussion sans cordes, ou encore un morceau entier joué en faisant rebondir une petite baguette sur les cordes de sa guitare suspendue à la verticale ! Privilège des petites salles, Mattias IA Eklundh favorise aussi l'interaction avec le public, et ne tarde pas à improviser le riff de « The Final Countdown » de Europe, après qu'un spectateur farceur interrogé sur le prochain morceau qu'il souhaitait entendre lui ait cité ce morceau ; il transforme également la musique inquiétante des « Dents De La Mer » en son équivalent suraigu des « Dents De La Crevette » !

La set-list s'est avérée un véritable best-of des cinq (bientôt six !) albums du groupe, avec un large aperçu de « Move » (« Propaganda Pie », « Humiliation Song », « Razor Flowers », « Heroin Breakfast », « Porno Daddy », « Seven Days In June », « Hateful Little People »), avec les classiques « Silence ! », « Ugly Side Of Me », « Jerk », « Taste My Fist », « My New Haircut », avec deux nouveaux morceaux à paraître en février 2005 sur l'album « Organic », dont un « Speak When Spoken To » pour lequel un clip a été tourné avec Ron « Bumblefoot » Thal, sans oublier quelques inserts de l'album solo de Mattias, « Freak Guitar, The Road Less Travelled ». Notons que l'orientation des nouveaux morceaux a l'air particulièrement heavy et vindicative, comme a pu l'être le son surpuissant et parfait de ce concert lyonnais.

Cette belle soirée s'est achevée avec un bœuf général, sympathique et bordélique, de tous les musiciens, sur « Highway To Hell » d'AC/DC, avec Christer Ortefors clone vocal étonnant de Bon Scott, et Björn Fryklund et Dirk Bruinenberg s'échangeant leur place de batteur en plein milieu du morceau !
Notons enfin que Freak Kitchen a annoncé une nouvelle tournée française en 2005, une fois que sera sorti son nouvel album « Organic » - lire la chronique.


Dernière Minute !!!
Chronique "à chaud" du concert de Paris à l'Elysée-Montmartre du 16 novembre 2004 (un grand merci à notre ami Denis pour sa contribution :o)

Salut les freaks !
Peu de choses à rajouter si ce n'est pour confirmer totalement ce que Mitch a écrit.
Effectivement, Yann Armellino méritait vraiment d'être raté. Il n'avait rien à faire sur une telle scène. Dans un bar, ça serait peut-être passé mais pas dans les conditions de l'Elysée-Montmartre qui était quasi rempli. On aurait pu tasser un peu mais pas en rentrer beaucoup plus. Armellino a une sale attitude sur scène. J'ai fini par le plaindre car il doit bien se rendre compte qu'il gêne et que le public n'attend qu'une chose, c'est qu'il dise au revoir. Au lieu de ça, il demande à chaque morceau si ça va et forcément, au bout de 20 mn, ça va plus du tout.

Par contre, j'ai beaucoup apprécié la prestation de Rondat malgré mes réticences en ce qui concerne les concerts de guitare instrumentale (mauvais souvenir d'un concert de Satriani à Toulouse).
La qualité du groupe et le choix du répertoire ont fait qu'à aucun moment je n'ai senti l'ennui me gagner. J'ai même eu des moments de nostalgie en écoutant les morceaux de "Rape of the earth", album sorti en 1991 qui a longtemps tourné dans mon autoradio-cassette avant d'être racheté en CD plusieurs années plus tard.
Tout cela m'a presque fait oublier que je venais essentiellement pour voir Freak Kitchen et que j'avais une envie folle de chanter leurs morceaux à plein poumon, de hurler ma joie devant un des plus grands groupes de scène qu'il m'aie été donné de voir. J'étais excité quoi !!!! C'est que j'avais révisé avant l'exam !!!!!
J'étais prêt ! Et je me suis régalé ! Ca fait longtemps que IA Eklundh est entré au Panthéon de mes guitaristes fétiches. Je suis maintenant obligé de m'avouer qu'il vient de détrôner Steve Lukather, Paul Gilbert, Eddie Van Halen et quelques autres idoles de jeunesse.

C'est dur pour moi, c'est une rupture avec ma fidélité légendaire, mais il faut se rendre à l'évidence : c'est now mon number one, celui que j'écoute avec le plus de plaisir. Chaque note qu'il joue me ravit. Sa richesse de jeu, sa précision, ses rythmiques plombées avec un son monstrueux, sa capacité à utiliser sa guitare pour sortir des sons de fous (Il n'y a que Steve Vai et l'intro de Yankee Rose sur le Eat'em and smile de David Lee Roth ou The audience is listening qui m'aient autant amusé)... Surtout, l'humour dont il joue sur scène avec le public se retrouve dans son jeu de guitare.Tout cela fait de lui le guitariste le plus original et intéressant depuis bien longtemps, et l'écoute de son dernier album solo est un vrai bonheur.

Pour la petite anecdote, avant de jouer Highway to Hell , ils ont commencé le boeuf de rappel par une version boostée de La Bamba qu'on trouve sur le premier album solo de IA. Voilà !
Gooody goody ! Stay Freaks, stay French ! Je vais me coucher plein de joli sons dans la tête.

Denis

 
par Mitch
le 17 octobre 2004
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