Le précédent passage de The Gathering entre Rhône et Saône, le 18 mars 2004, avait eu lieu au petit Rail Théâtre. C'est aujourd'hui le Transbordeur que retrouve le groupe, dans la grande salle aux gradins néanmoins réduits par un rideau. Signe de l'évolution de la musique du groupe, le public présent se montre assez varié, du gothique au métalleux, avec une représentation féminine conséquente et un maximum de looks très traditionnels. Le beau soleil et les 30° de mise sur Lyon favorisent une bonne ambiance, un peu à l'opposé de la paranoïa d'un service d'ordre étonnamment renforcé...

C'est le groupe danois Pyro qui ouvre les hostilités, avec un rock indé bien en place, mais qui bannit la prise de risques de son vocabulaire. La forte présence au bar pendant le set et le petit camping-car qui leur sert de tour bus sont les symboles du difficile apprentissage de la route devant un public non averti... En ce qui nous concerne, il est vrai que la perspective de faire connaissance avec quelques habitués du forum Musicaljam - cliquez ici - et de boire une mousse avec les sympathiques Liem et Julien, guitariste et chanteur de l'excellent groupe de death stéphanois Benighted - Lire son interview, est vite retenue !

Dès l'arrivée des cinq néerlandais de The Gathering sur scène, on sent qu'on a affaire à un groupe de calibre nettement supérieur. Le son est clair, le groupe bien en place, et Anneke attire immédiatement tous les regards, comme d'habitude ! Elle se montre généreuse et souriante, à l'aise du début à la fin ; troublante, toujours juste, posée...et très très belle dans sa tenue blanche, on dirait un ange... Cette chanteuse est, décidément, rayonnante, et ses nombreux regards coquins achèvent de transpercer la totalité de l'assistance, tous sexes confondus ! La maternité n'a, en rien, altéré, ses qualités de show-woman, malgré les petits soucis du quotidien que nous confiera plus tard le claviériste Frank Boeijen : "Anneke ne pourra pas rencontrer les fans ce soir, elle est déjà partie se reposer dans le bus. Gérer son bébé d'un an et demi sur la route n'est pas toujours facile, celui-ci a, en plus, attrapé mal à cause de la clim !"

En effet, une deuxième constatation s'impose rapidement : le show sera très différent du dernier donné à Lyon en 2004. Si le psychédélisme, les effets et les "strange machines" de René Rutten avaient alors été à l'honneur, c'est à un concert de rock que nous allons assister ce soir. René joue de vrais accords, des riffs saturés, et c'est une face globalement dynamique du groupe qui nous est proposée. La set list n'hésite pas à puiser jusqu'a "Mandylion", concluant le concert par trois titres de cet album... Il est d'ailleurs surprenant de retrouver de la double grosse caisse dans la musique du groupe, de même que certaines parties extrêmement enlevées, sur le final "Strange Machines", par exemple, très attendu des fans de la première heure.
Pourtant, comme le dit Frank Boeijen, "un concert doit raconter une histoire", si bien qu'une place est accordée aux plages plus intimistes, par exemple avec plusieurs extraits du dernier album "Home" - lire la chronique.

Le concert s'avèrera sobre au niveau des lights, certainement pour ne pas nuire aux superbes animations projetées sur grand écran. Un cheval hybride (en image de synthèse), un document sur le décollage d'une fusée qui perd sa trajectoire et explose (la scène est filmée de bout en bout, du décollage à la chute finale), et puis cette lune grandissante, avec nombres de déchets innondant la clarté lunaire, ces immondices n'étaient autres que des armes, des livres, des restes terrestres, vision de fin du monde... Frank : "c'est le groupe lui-même qui réalise la majorité des animations, comme ces images de vieille usine que vous avez pu apercevoir. Sinon, nous faisons également appel à un graphiste". Et il faut bien avouer que tout cela est bien réussi, en particulier des images de murs sortant du sol et rappelant forcément le monumental film de Pink Floyd, "The Wall".

C'est donc des rêves plein la tête que nous prendrons congé du groupe, après environ 1h45 d'excellent spectacle. La route de The Gathering est encore longue, au travers de l'Europe. Frank : "demain, nous avons un day off. Puis nous nous "baladons" pas mal, vers Bordeaux, puis Montpellier, Milan, Strasbourg, Lille, Paris, etc..."