
Jamais 2 sans 3 dit-on, eh bien, histoire de clôturer la saga Depeche Mode commencée cet été avec, "en entrée" : le concert de Nîmes - lire la chronique, ensuite comme "plat de résistance" : le CD live de Nîmes - lire la chronique, voici pour finir un "dessert de roi" : le DVD “Live in Milan” :o)
Pourquoi "de roi" ?? Parce que ce DVD est une vraie merveille.
D’abord visuellement : il est d’une rare inventivité, mettant le groupe magnifiquement en valeur. L’image est somptueuse, les couleurs claquent et c’est peu de le dire. Ensuite, musicalement et techniquement, rien à dire : c’est parfait !! Si, si !! :o) - 3 versions : DTS 5.1, Dolby Digital 5.1 et PCM Stéréo.
Et pourtant, le montage extrêmement nerveux des 2 premiers titres m’avait un peu affolé. Mais heureusement cela n’a pas duré et, bien que conservant un rythme de croisière relativement soutenu, la suite s’avèra des plus jouissive et réussie.
Filmé de main de maître par Blue Leach les 18 et 19 février dernier dans un Fila Forum plein comme un oeuf, devant un public italien extatique, le show est tout simplement grandiose. Entièrement désignée par Anton Corbjin, la scène, bien qu’ultra sophistiquée, donne paradoxalement un effet de surprenante sobriété. La débauche viendra des éclairages somptueux, du défilé incessant des images sur les nombreux écrans qui tapissent le fond de la scène, un mélange détonant de dessins originaux, de petits films et d’instantanés du groupe mixés en temps réel.
De nombreux « gimmicks » plutôt sympa ont été utilisés, comme le fait de filmer via de mini caméras à travers des rideaux de perles de couleurs, des voilages, des filtres colorés. Egalement, à noter l’utilisation d’un noir et blanc superbe. Certaines chansons ont été retravaillées et offrent un aspect granuleux aux couleurs saturées. Images fracturées avec impressions de miroir brisé sur « Precious » notamment. Ces effets qui pourraient être pesants et artificiels sur le long terme sont heureusement intelligemment utilisés en étant appliqués avec une certaine parcimonie tout au long du concert.
Je dirais que le seul vrai « ratage » (de mon point de vue…) est « Suffer Well » où l’abus d’images arrêtées, floues, tremblées donne un résultat indigeste et flingue complètement la chanson. Mais bon… ne faisons pas la fine bouche ! Certes, d’aucuns pourront argumenter que le fait d’utiliser tous ces « artifices » sur le DVD nuisent à l’unité du show, qu’ils ont peut-être eu la chance de voir « en vrai ». Mais justement, n’est ce pas le rôle de ce genre de support que de donner une autre vision, de mettre plus en valeur des effets qui peuvent passer inaperçus si on se retrouve loin de la scène ??
Les caméras rajoutent un plus d’émotion en cadrant les visages et permettant précisément de lire dans le regard des différents membres du groupe, ce que nous public ne pouvons pas voir du fait de la distance : l’émotion toujours retenue chez Martin Gore (mais très palpable sur « Precious ») ainsi que ses assez rares sourires, le regard souvent inquiet de Dave Gahan (et j’en ai compris la raison après avoir visionné le DVD bonus), le flegme, apparemment, inébranlable de Fletch… Tous ces détails qui, la plupart du temps nous échappent, et qui, derrière l’énorme « machine » qu’est Depeche Mode en tournée, remettent les choses en perspective et nous rappellent que nous avons à faire avant tout à des hommes de chair et de sang avec leur force et leur fragilité.
Et dans ce DVD les caméras filment le groupe au plus près ne laissant passer aucun détail. Le grand gagnant au final est sans conteste Dave Gahan dont la plastique irréprochable est cadrée au millimètre pendant tout le concert. Le pompon dans le genre revenant à la chanson « World In My Eyes » où les caméras, amoureuses et lascives, ne le lâchent pas d’une semelle, offrant des gros plans imprenables sur ses tatouages, ses mains, ses yeux soulignés de khôl, ses sourires coquins et enjôleurs, ses déhanchements sensuels et sa chute de rein sexy en diable ;o)) etc…. Faut dire que le garçon, bien qu’affichant 44 printemps au compteur, est gaulé comme un top model , qu’il peut se permettre de porter des pantalons taille très basse sans être ridicule et offre, ma foi, un spectacle des plus séduisant sur scène… Et là, avouons le, filmé sous toutes les coutures par une caméra limite « voyeuse » :o) sur presque 2 heures, on en a « grassement » pour notre argent. Mais… Ooops, je m’égare et m’éloigne un chouïa du sujet là !!! Désolée… :o) !!!

Une chose ressort immédiatement de ces images, c’est la formidable cohésion et la grande complicité qui règne au sein du groupe et dont, ni Christian Eigner (impressionnant de puissance derrière ses fûts), ni le discret Peter Godreno ne sont exclus. Peu de paroles sont échangées pendant le concert, un regard, un geste et tout tourne rond. Le seul à parler est Dave Gahan qui harangue la foule, apostrophe « Mart » son complice de toujours ou C. Eigner. La communion avec un public de tous âges est totale et le public italien n’est pas venu voir n’importe quel groupe, non le public italien est venu pour voir, applaudir, vibrer et chanter en chœur avec Depeche Mode. Les regards passionnés, les sourires radieux et parfois les larmes captés par les caméras dans la foule parlent d’eux-mêmes.
Ce DVD est bourré de moments magiques, mais je ne vais pas vous faire le descriptif des 21 chansons interprétées. Juste quelques mots, des petits riens, sur certains de mes coups de cœur : « Precious » pour l’émotion de Martin Gore, « I want it all » qui baigne dans le vert et est somptueusement mise en images, « A question of time » pour l’énergie extraordinaire déployée par un Gahan déchaîné, « The sinner in me » pour Dave qui éclate de rire face à C Eigner, « World in my eyes » pour… Hem !! Voir plus haut ;o) mais aussi pour un joli moment quand il présente Fletch, la main posée sur celle de son ami. « Everything counts » pour le sourire radieux de Dave au début de la chanson. Et surtout, surtout le final avec « Goodnight Lovers ». D’abord pour Dave Gahan qui arrive à obtenir le silence quasi-total de la foule, un doigt devant la bouche : « Chuuuuttt ! » et pour l’image que Martin Gore et lui offrent à la caméra et au public, fraternellement enlacés et visiblement très émus.
J’ai aussi découvert avec amusement, que Dave Gahan, outre sa voix et son corps, possède un troisième « outil de travail » indispensable pour lui sur scène. Lequel ? Oh, ceux qui ont vu le DVD savent sûrement de quoi je parle… Le pied de son micro !!! C’est qu’il en fait des choses avec ce truc : il danse avec, le caresse, s’y caresse, le traîne d’un bout à l’autre de la scène, jongle avec et le fait tournoyer avec une maestria à rendre jalouse la reine des majorettes, le tend au dessus de la foule qui chante à gorge déployée, etc…
Cet « ustensile » ne le quitte quasiment jamais de tout le concert.
Le Live In Milan est vendu dans 2 versions, simple et édition limitée avec DVD bonus et 1 CD live compilant les 8 titres de « Playing the Angel » chantés ces soirs là plus un porte folio plein de photos sympas . Le tout est présenté dans un digipack luxueux. Un bel objet. C’est de cette version qu’il est question ici.

Le DVD2 offre un intéressant documentaire de 20mns sur la tournée, avec des interviews des 5 musiciens, de Blue Leach et d’Anton Corbjin entre autres. Le « Playing the Angel » EPK est pas mal aussi et apporte de ci de là des petites informations (dont la douloureuse génèse de « Precious »).
Et pour finir, 5 chansons extraites du concert et illustrées uniquement par ce qui défilent sur les écrans derrière le groupe. Une bonne idée je trouve, même si toutes les projections ne sont pas égales en qualité. La palme du bizarre revenant à « Walking in my shoes » avec sa « femme oiseau rouge » et la palme de la banalité revenant à « World in my eyes » Heureusement, dans ce cas précis, ce qui se passait sur scène était nettement plus passionnant !!!! :o)
En conclusion, je vais vous avouer une petite chose. Quand j’ai lancé ce DVD pour la 1ère fois, j’ai été un peu déçue… Pas grand-chose, une impression diffuse, une sorte de manque… Je ne comprenais pas vraiment pourquoi, en fait. Je trouvais que ça manquait un brin de spontanéité tout ça. Le groupe se sentait-il nerveux du fait qu’il s’agissait des concerts prévus pour le DVD ? Possible. En tout cas cette impression première m’a longtemps parasité et m’a donné du fil à retordre et il fallu que je laisse bien « poser » avant de m’attaquer à cette kro. Puis de visionnage en visionnage cette impression a fini par disparaître pour laisser place au plaisir pur et j’ai enfin pu m’y mettre !!! Mais une chose reste vraie, la voix de Dave Gahan était nettement plus puissante et plus belle lors du concert de Nîmes. Et là, les plus belles images du monde ne peuvent rien contre ça. Non pas que la performance milanaise de Gahan et du groupe en général soit mauvaise, loin de là. Mais bon….. ;o)
En cliquant ici vous trouverez une poignée de snapshots classés et sous-titrés par ordre d’interprétation. Cela donnera une idée, à ceux qui n’ont pas le DVD, de la qualité des images.