Décidément, la nostalgie est à la mode parmi les jeunes groupes de métal !

Pourtant, à la différence d'un Wolfmother qui demeure au stade du "copier-coller" de ses idoles - lire la chronique, ou d'un Avenged Sevenfold qui ose un mélange des genres limite hétéroclite - lire la chronique ici, Trivium parvient à se nourrir des influences des années 80 pour en proposer une synthèse moderne et personnelle.

Il y a du Metallica, du Slayer, du Anthrax, du Iron Maiden, et d'autres encore, dans Trivium, mais le tout est mixé avec suffisamment de doigté pour que la sauce prenne et n'écoeure pas le convive !
Les deux éléments essentiels qui servent Trivium dans ce dessein, sont incontestablement sa science du riff et sa technicité. Les morceaux possèdent un impact immédiat grace à leur intensité, mais leur complexité se révèle également au fil des écoutes. Et puis, surtout, ça joue, nom d'une pipe en bois, ça joue ! Malgré une moyenne d'âge autour des vingt-deux ans, les quatre musiciens enchaînent les parties jouissives et percutantes, en particulier les deux gratteux Matt Heafy et Corey Beaulieu, qui nous régalent de leurs harmonies, de leurs riffs touffus, de leurs solos acérés et de leur mur de son en béton armé.

"The Crusade" n'est pas exempt de légers défauts qui laissent une marge de progression à ses géniteurs, mais l'évolution est telle depuis le metalcore des deux premiers albums, qu'on peut réellement louer la performance du Trivium 2006. La débaûche d'énergie peut banaliser l'énergie, si bien que recevoir ces treize brûlots d'un seul trait en pleine face s'avère une expérience légèrement exténuante. De plus, les "respirations" sont rares et la voix monocorde et "Hetfieldienne" de Matt Heafy ne permet pas le dépaysement nécessaire (malgré, il faut l'avouer, quelques refrains mélodiques du meilleur effet). On pourra également discuter de la pertinence (sur disque, en live, ça passe mieux) des "woo woo" de l'hymne "Anthem (We Are The Fire)", et du voyant hommage à Slayer sur "To The Rats", jusqu'au bout des solos dissonants...

Mais quand on arrive aux 8:18 du dantesque final instrumental "The Crusade", on pardonne à Trivium tout ce qu'on lui reprochait plus haut ! Ce morceau représente, à mon sens, le morceau de bravoure de l'album, avec sa construction versatile, ses riffs mélodiques et percutants, ses solos de basse, sa propension à nous attirer vers la touche "repeat" !

Pour finir, ne doutons pas que les excellentes fréquentations de Trivium en tournée (premières parties de Metallica et Iron Maiden en 2006 !) et l'adoubement de ses aînés lui prodigueront les leçons nécessaires pour aller encore plus haut !