Anasazi - Interview Découverte (11 juin 2006)
site officiel : www.anasazi-prog.com
Retrouvez les chroniques des 2 CD du groupe :

► Lire la chronique de "At The End of My New World" (EP 2004)
► Lire la chronique de "The Principles Of [Hate]" (2006)


- Les albums de Anasazi sont en téléchargement libres et gratuits sur leur site web !
 
Quoi de mieux pour découvrir un groupe que de discuter avec un ou plusieurs membres de la formation en question. A la base j’étais partie pour une simple kro bio + albums… Puis, l’envie m’est venue de papoter un peu (par mail…) avec Mathieu Madani le fondateur et vous verrez, le garçon est un passionné, un vrai.
So, here we are :o)


Lothian : Bonjour Mathieu. On va commencer par le début, peux tu te présenter et présenter ton groupe stp ?

Mathieu Madani : Bonjour, je m’appelle Mathieu Madani et je suis principalement chanteur-guitariste d’Anasazi.Le groupe était composé de Fréderic Thévenet à la guitare et de moi-même pour le 1er EP « At the end of my new world part I ». Puis Christophe Blanc-Tailleur, bassiste de son état, s’est joint à nous pour notre second disque « The principles of [hate] en février 2005. Nous sommes de Grenoble en Isère (38). L’histoire a débuté quand Fred m’a demandé de faire avec lui 2 morceaux pour ses 40 ans à venir en mai. Nous étions alors en février 2004.

L : Puis-je dire que la « naissance » du groupe est finalement due à la « crise de la quarantaine » de Fred ?

MM : (rires) Oui, complètement. J’aime beaucoup ta façon de le dire, je le ressortirais.

L : :o) A partir de là, comment ce sont déroulés les évènements (enregistrement, mixage etc.), pour aboutir finalement à cette jolie galette qu’est « At The End Of My New World” ?

MM : Eh bien on a pris 1 mois pour composer la musique et 1 semaine pour les mélodies et paroles, on a enregistré tout cela en 1 mois et mixé en 2 semaines notre concept song « At the end of my new world part I », le soir et quasi souvent la nuit après et avant notre vrai travail la journée. En tout on a mis 3 mois pile poil. Après le jour de son anniversaire, on a gravé 10 CD pour ses amis présents à sa soirée. Pour l’occasion j’avais fait une pochette avec Photoshop, que j’utilisais pour la 1ère fois. L’aventure devait s’arrêter là puis devant les réactions positives des convives, on en a gravé 100 qu’on a distribué et vendu autour de nous.

L : Si j’ai bien suivi, il n’y a que toi et Fred, tous les deux guitaristes. Qui tient les autres instruments : batterie, piano, basse… ?

MM : A l’époque sur le EP, il y a Fred à la guitare et moi au chant, à la guitare, à la basse sur 3 morceaux, au piano sur 1 morceaux et tout le reste je l’ai programmé avec un petit séquenceur Roland (le pma-5) de la taille d’un petit livre de poche. C’est très artisanal et fastidieux car il faut rentrer chaque note de batterie une par une, mais ça t’apporte énormément de liberté de travail puisque pendant le 1er mois de composition je me suis couché chaque nuit à 3 du matin : pas de problème d’emploi du temps avec un batteur :o), et surtout la possibilité d’aller jusqu’au bout de ton idée sans entrave ou contrainte avec d’autres musiciens.
En gros si on partait d’un riff de Fred, on le jouait un peu, il repartait chez lui et quand il revenait le squelette du morceau avait pris forme avec toute la batterie, basse et clavier. Le seul risque c’est que la direction d’arrangement que je prenne ne lui plaise pas mais sur « At the end of my new world part I », on s’est très bien entendu pour la musique. Tout s’est déroulé comme une lettre à la poste sans anicroche.
A la base Fred avait envie de travailler avec moi pour voir si on pouvait faire quelque chose de sympa, d’où son idée de 2 morceaux à faire pour son anniversaire. C’est en bossant sur nos 2 premiers morceaux (« My lost world » et « Shattered ») que je lui ai proposé de faire un concept song avec plusieurs morceaux qui composeraient une longue chanson épique. « At the end of my new world part I » est né à cet instant et Anasazi par la même occasion. J’en garde un excellent souvenir, c’était magique et très excitant.

L : Sur « tPoH » il y a l’arrivée de Christophe à la basse et à la m.a.o (?) Tu peux expliquer pour ceux qui nous lisent (et pour moi aussi lol !!) ce qu’est une m.a.o stp ?

MM : :o) ! En fait, Christophe est très branché par le travail avec cubase et principalement le PC. Et sur ce disque nous avons utilisé des sons de claviers de l’ordinateur, pour faire simple, M.A.O. signifie Musique Assisté par Ordinateur. Sinon tout le reste a été enregistré avec un petit 16 pistes, mon petit séquenceur et nos instruments tout comme le EP.

L : Ok je vois… Revenons à « At the End of My New World”. De quelle manière avez-vous réussi à faire connaître et à faire circuler cet EP ? Quel retour avez-vous eu ?

MM : Dans un 1er temps le cercle d’amis, puis au boulot de Fred, mes élèves en guitare. 100 personnes en tout. On est donc en juillet 2004 là. Ensuite j’ai fait mon album solo en français dans un registre pop variété jusqu’en décembre 2004 et début 2005, on s’est dit : allez ! Si on les mettait sur le Net histoire de partager notre musique avec le monde (rires) ! Aussitôt dit aussitôt fait, fin janvier on pouvait téléchargez notre musique gratuitement sur une pauvre petite page free. Et là on a eu des retours inimaginables de la part d’internautes principalement sur le forum TDOE puis des gens qui s’était perdu sur notre page.
C’est bizarre de ne plus posséder sa musique et de savoir que d’autres gens peuvent l’écouter et donner leur avis sur quelque chose d’aussi intime que cela. Mais c’est intéressant de voir les réactions des gens. Beaucoup de gens qui ont appréciés notre 1er EP, ont perçu l’émotion et la souffrance qui s’en dégageait.
Maintenant la production est ce qu’elle est : c’est du bricolage, c’est fait avec le cœur et la passion. Mais pour moi le contenu sera toujours plus important que le contenant.

L : L’aventure aurait pu s’arrêter là. Est-ce le fait qu’il y a eu cette reconnaissance de votre musique qui vous a fait vous lancer dans l’aventure de « tPoH » ou pour toi et Fred, il était évident que vous alliez continuer ?

MM : Je ne sais plus en fait. Parallèlement j’avais fait mon disque solo et il était clair qu’on voulait remettre le couvert lorsque ce dernier serait fini. Donc le fait que des gens aient aimé notre 1er ouvrage nous a peut être donné confiance en nous et en Anasazi. Mais de toute façon, je fais de la musique tout le temps donc oui j’aurai continué quelque chose de mon côté. Ceci étant, à notre petit niveau de diffusion, les retours étaient carrément encourageants.

L : Quand avez-vous commencé à travailler dessus ? Et dans quelles conditions techniques ?

MM : On a commencé à bosser dessus début janvier 2005, 2 semaines jour pour jour après la fin de l’enregistrement et du mix de mon album solo. Fred m’a d’ailleurs aidé pour les prises de voix et le mixage de ce dernier qui n’est pas si éloigné que ça de l’univers Anasazi, mais en pop. On s’est donc remis au travail assidûment sur ce qui allait devenir « The Principles Of [Hate] ». Le premier morceau composé avec Fred fut d’ailleurs cette même chanson.
Puis en février Christophe, qui avait bien aimé le 1er EP, nous a rejoint alors que les 4/5 de l’album avait été écrit. On a écrit avec lui en partant de son tapping à la basse « Quicksands of time », le 2ème instrumental de l’album. Au niveau de la technique on a utilisé les mêmes appareils à savoir le même 16 pistes numériques Korg D1600 mk2 avec graveur et effets intégrés, mon pma-5 Roland pour séquenceur. Le seul matériel en plus que nous avons ajouté a été un pré-ampli à lampe pour la voix et les guitares acoustiques et quelques VSTI pour les claviers, vu que j’avais acheté un PC pour la musique en juillet 2006. Tout ceci fait entre mon salon et la cuisine.

L : Cette fois, pas de « concept » (à part la dernière chanson qui clôt un chapitre commencé dans l’EP). Maintenant que vous êtes 3 comment travaillez pour les compos ? Qui écrit quoi dans le groupe et quelle est votre principale source d’inspiration ?

MM : En fait, il y a quand même pas mal de concept caché à l’intérieur de l’album.

En vrac :
- Les 3 premiers morceaux qui ouvrent l’album « Dies Irae », « Crossroads » et « The Principles Of [Hate] » sont une trilogie qui parle de 2 femmes que tout sépare, l’une est israélienne et l’autre est palestinienne. Elles vont se croiser dans le bus qui mène l’une à son travail et l’autre à son but : se faire exploser avec une bombe qu’elle porte sur elle.
- Le solo de guitare de « Dies Irae » comporte plusieurs clins d’œil qui seront joués dans les différents passages solos du disque.
- « Lost » et « Omayra’s Song » sont complémentaires au niveau des paroles et au niveau de la grille d’accord que l’on retrouve dans « Omayra’s song » mais joué avec un rythme différent.
- « Someday… » parle de la même chose que la chanson « d’ici… » sur mon album solo, d’où les 3 petit point de suspension.
- « Far, Beyond Faith » comporte une structure de parole et une structure musicale proche de « Far, Beyond Love » sur notre 1er EP, à savoir une relation entre 2 personnes qui prend fin et qui est vécu différemment. « Far, Beyond Faith » raconte l’histoire de Dracula et de sa trahison par Dieu. Cette série des « Far, Beyond… » prendra fin avec « Far, Beyond Hate » dans une future compo.
- et bien sur « Same Old Song, Same Old Tears » qui met fin au concept de « At The End Of My New World », d’ailleurs il y a une surprise si vous laissez le morceau sur lecture jusqu’à la fin quand ce dernier baisse de volume….

Ce sentiment de concept entrelacé est renforcé par la pochette du disque qu’ArioN nous a concocté avec mon étroite collaboration. Il nous a fait un super boulot avec beaucoup de talent et de patience. Voici l’adresse de son site : Cliquez ici.
Au niveau composition et répartition des rôles, Christophe étant arrivé presque à la fin l’écriture, il n’a participé qu’au titre « Quicksands Of Time », j’ai co-composé avec Fred « The Principles Of [Hate]», « Someday » et
« Lost » et j’ai composé le reste de l’album.
Je dirige beaucoup la partie artistique car comme je m’occupe de toute la partie batterie, bien souvent je bosse seul. Ce n’est pas une vraie façon de travailler en groupe je te l’accorde mais ça prend un temps fou pour séquencer la batterie surtout avec des signatures rythmiques élaborées, car même si c’est une boite à rythme, les parties de batterie sont assez complexes..
Ensuite quand toute la musique est composée on attaque l’enregistrement, parallèlement j’écris les paroles et les mélodies vocales que j’enregistre après.
Pour les principales sources d’inspiration musicales de ce disque : Dream Theater, Spock's Beard, Megadeth, Pain Of Salvation, Ark, Marillion, The Beatles, U2, Liquid Tension Experiment, Transatlantic, Quensrÿche, Metallica, Peter Gabriel, Muse, etc...
Au niveau parole, j’aborde le thème du terrorisme en Moyen-Orient, la folie, l’histoire de la petite Omayra Sanchez décédée lors de l’éruption d’un volcan en Colombie, sa mort lente avait été filmée et retransmise dans le monde entier, j’avais 8 ans et ça m’a traumatisé, je voulais rendre hommage à son courage. Il y a aussi l’inceste, l’histoire d’amour de Dracula, et enfin l’amour qui survit.

L : « tPoH » est parut depuis un petit moment déjà. On le trouve en téléchargement gratuit sur votre site. Pourquoi ce choix ?

MM : le disque est sorti le 20 février 2006, et, effectivement, on peut le télécharger gratuitement et légalement sur notre site depuis cette date. C’est ainsi que je vois les choses : le partage de la musique. Il ne faut pas rêver, pour un groupe sans label, pour se faire connaître il faut « s’offrir ».
On en a fait une centaine en dur pour rembourser les frais du disque (pochette, site web, etc…). Le seul point important pour nous, c’est de nous donner votre avis, une fois l’album récupéré en bien ou en mal bien sur (rires) ! On a des gens qui ont téléchargé l’album et qui, pour nous soutenir, ont commandé le disque… C’est Pince qui s’est chargé de nous faire un superbe site web pour que ce soit plus sympa pour venir récupérer notre musique et que ça fasse plus pro qu’une simple page chez free. Il s’est déjà occupé des sites de The Gathering, et Anathema en France et aussi d’un site sur Dream Theater - Cliquez ici pour y accéder.

L : Quel a été le ressenti et le retour des fidèles de la première heure et avez vous agrandi le cercle ?

MM : D’après les retours qu’on a eu dans l’ensemble très positifs et parfois très élogieux, il semble que nous n’avons pas trahi l’esprit Anasazi même si on a parfois durci le son du groupe tout en gardant le côté pop des refrains. Ceux qui nous ont découvert et qui ne connaissaient pas le métal progressif ont été un peu décontenancé par certains titres mais ce sont retrouvés sur « Omayra’s Song », « Someday » et « Same Old Song, Same Old Tears ».
Pour le moment on a eu des retours d’Allemagne, de Pologne, de Belgique, du Canada, d’Espagne et bien sur de France. Il me tarde que le site soit dispo en version anglaise pour commencer à faire de la pub dans le reste du monde (rires)…

L : Avant de se dire au revoir, une dernière question : toi et le groupe travaillez-vous déjà au successeur de
« tPoH » et si oui, y a-t-il déjà une « couleur » qui se dégage des compo ?

MM : Oui, nous avons commencé l’écriture d’un nouveau EP 3 titres pour se frotter à la nouvelle configuration de matériel que nous possédons, à savoir l’ordinateur et cubase pour l’enregistrement. Le son de batterie va être énorme. On va apprendre à produire notre musique avec ce nouveau medium. Pour le moment on a 1 titre et demi, et la couleur s’annonce très metal prog mais toujours conforme à Anasazi. On écoute tous beaucoup Tool en ce moment. On a un nouveau guitariste en la personne de Bruno Saget. Il remplacera Fred qui reste quand même membre d’honneur d’Anasazi (rires). On prévois la sortie du EP pour l’automne et ensuite on attaquera un vrai album peut être même un concept album…

L : Beaucoup de travail… et de plaisir en perspective. Une ultime question : au fait, pourquoi ce nom mystérieux « Anasazi » ??

MM : L’histoire d’Anasazi débute le jour où j’ai vu le dernier épisode de la saison 2 de the X-files, en 1995 je crois , cet épisode s’intitulait « Anasazi » qui en vieil indien Navajo voulait dire : « ceux d’outre tombe » et…

L : …On connaît la suite :o) Merci Mathieu et à bientôt.

MM : Un grand merci à toi pour ton intérêt à notre musique.

 
par Lothian
11 juin 2006
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